Michel Gicquel donne des nouvelles du futur - Dinan

Le Léhonnais Michel Gicquel vient de voir sa nouvelle d'anticipation écologique publiée au côté de l'écrivain Fred Vargas. Un exploit dont ce militant rouge-vert de longue date n'est pas peu fier.

Portrait

« Cours camarade le vieux monde est derrière toi ! » Ce slogan des années 70, Michel Gicquel, 55 ans, le recycle pour se moquer gentiment de son beau-fils, qui s'en va pour un jogging sur les bords de Rance. En ce matin de juillet, Michel Gicquel, lui, fumerait plutôt une clope au soleil, le sourire en coin.

À moins qu'il ne lise un livre, car Michel, professeur d'histoire, est un grand lecteur devant l'éternel. Et depuis peu, un jeune écrivain.

Sa première nouvelle, il l'a écrite en réponse à celle d'un ami, Aurélien Bernier, connu à Attac, l'Association pour la taxation des transactions financières. De réponse en réponse, ils en ont fait un livre : Trans-génial. Ils y content un futur, où élever ses poules chez soi est une grave transgression, et sortir au Mc Donald's une épopée dangereuse.

Leur ambition ? Alerter leurs prochains sur les dérives d'une société libérale, qui n'a que le déguisement de l'écologiquement correct.

De chef de gareà jury de bac

Changer le monde. Une vieille idée que Michel a cultivée très précocement. Il devient membre des jeunesses communistes de 1971 à 1978, dans les pas de sa tante, conseillère municipale communiste à Dinan, et de ses oncles tailleurs de granit à Languédias.

Michel a alors 16 ans, et ses parents, boulangers en région parisienne, viennent de l'expédier en internat au lycée la Fontaine-des-Eaux. En 70, années psychédéliques, il expérimente « l'auto-gestion » des élèves.

Une catastrophe pour l'éducation nationale. Il n'aura pas son bac, mais reconnaît la période exaltante que c'était pour les débats d'idées. Les « jeunes communistes » sont pléthore. Jusqu'à ce qu'ils se rendent compte, comme Michel, lectures aidant, que tout n'est pas rose au pays de soviets.

Comme il faut bien gagner sa vie, le voilà cheminot. « Plus la gare était petite plus j'étais chef ! » Agent à Versailles, il est promu chef de gare à Caulnes en 3X8. « C'était pas mal, quand j'étais de nuit, aucun train ne s'y arrêtait. J'avais du temps pour lire. »

Voir pour potasser, un mot qui lui va mal au teint. Il passe l'examen d'entrée à l'université, et devient bientôt professeur d'histoire remplaçant. Michel Gicquel est nommé jury d'examen au bac, lui qui ne l'a jamais eu. « Le premier candidat, je lui ai mis 18 direct. Il n'en est pas revenu. »

Il adhère en 2000 à Attac. L'idée d'un mouvement d'éducation populaire le séduit. Mais les dérives autoritaires des fondateurs le déçoivent, et l'action politique fait défaut. Pas plus d'espoir chez les Verts : « La dimension écologique a pris le pas sur la dimension sociale, alors que les inégalités sont de plus en plus marquées. ». Michel l'amusé est devenu méfiant.

Et l'écriture vint

Sa dernière nouvelle, titrée Les surveillants, est parue dans le recueil Les mondes d'après, en juin, aux côtés de celles de Jacques Testart, ou encore de Fred Vargas. L'élite des écologistes y domine le monde, comme l'église après l'Empire romain, dans un XXI e siècle régi par le code de la « Communauterre ».

Et Dinan en 2043, il l'imagine comment ? « Avec une rocade et une meilleure desserte ferroviaire, vu que les gens ne pourront plus habiter près de leur travail. Plein de zones commerciales, et des magasins de fringues partout. Mais en coton bio ! »

Les mondes d'après, nouvelles d'anticipation écologique 12 € aux éditions Golias. Transgénial, 11 € aux éditions Mille et une Nuit. Michel Gicquel sera au salon du polar de Lamballe Noir sur la ville, les 11, 12, et 13 novembre.