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Vivre en ville 1. S’interroger : la recherche 2. Faire : la maîtrise d’usage 3. L’auteur La question du logement dans les villes contemporaines Hauts Plateaux, Bègles (C.Hutin). Pavillons et densité urbaine

Hauts Plateaux, Bègles (C.Hutin). Pavillons et densité urbaine

Après le Bosco Verticale, voici un nouveau projet s’attaque à la question du pavillonnaire : il s’agit des Hauts Plateaux à Bègles. Ce projet d’habitat vertical a été développé par Christophe Hutin, Domofrance et le groupe Lafarge.

Il s’agit de proposer des plateaux (de 120 à 200 m2 par habitation) que les habitants pourraient aménager selon leurs souhaits et faire évoluer au fil du temps. La seule règle étant que 25% de l’espace, au minimum, soit réservé au jardin. Initialement, l’habitation occupe 50% de la surface. Le dernier quart est pensé comme étant un espace intermédiaire. C’est dans cet espace que logement peut évoluer (extension du jardin ou du bâti).

La référence de ce projet est une proposition de Frei Otto d’habitations arborescentes et écologiques pour Berlin. Il s’agit d’offrir un espace à des habitants pour qu’ils l’investissent et se construisent leurs propres logements (do it your self). Frei Otto nourri cette réflexion en parallèle de son travail sur les structures tendues dès les années 1950 et proposera même une cité utopique.

Ce projet a été concrétisé à Berlin en 1987 à l’occasion de l’IBA Berlin (International Building Exhibition). Dans cette expérience, Frei Otto défini et délimite le rôle de l’architecte. Si c’est l’architecte qui s’occupe de l’implantation urbaine et paysagère, qui définit le nombre de logements optimal, qui pense à leur orientation, etc. ; il affirme qu’il doit aussi savoir s’arrêter. À la suite de Frei Otto, Christophe Hutin affirme que les habitants deviennent capables à partir du seuil de leur logement. À partir de ce moment,  ils doivent être libres de prendre le pouvoir. Autrement dit, l’architecte doit se placer au service du collectif et ne pas imposer ses visions à l’individu. Cela présuppose que les habitants soient capables de conceptualiser eux-mêmes leurs propres logements (Ce que la référence elle-même remet en question : les habitants de l’opération de Berlin sont pour la plupart des architectes ou sont arrivés alors que l’opération étaient déjà lancées et non pas participé au projet coopératif. De même, les vues d’architecte sont meublées en chaises Eames qui connotent une certaine culture spatiale) ; ou que les architectes acceptent les choix des habitants.

Comme dans le cas du Bosco Verticale, ce type de projet pose la question de la rencontre entre deux mondes, de la confrontation entre deux visions : celle de l’habitant et celle de l’aménageur. Contrairement à d’autres projets qui sont éducatifs (dont le but est de modifier les modes de vie comme par exemple le phalanstère de Fourier) il s’agit ici, pour le concepteur, d’aller vers l’habitant et de lui proposer un habitat présentant les même qualités que les maisons individuelles comme le dit le Philippe Déjean, directeur général de Domofrance: ” Pourquoi les gens rêvent-ils d’une maison individuelle ? Parce qu’ils peuvent faire quelque chose de personnalisé alors que dans l’habitat collectif la marge de manœuvre est très réduite.”

L’objectif de ce projet est de concilier le désir d’appropriation des habitants, leur souhait se créer un logement-bien-à-eux-leur-ressemblant, qu’ils pourraient faire évoluer en même temps qu’eux et en fonction de la société, tout en limitant l’impact de l’urbanisation. Avec ce projet, intégré au cœur d’un éco-quartier, la communauté semble trouver son compte. Mais qu’en est-il de l’habitant? Le pavillon attire aussi pour l’intimité qu’il offre, comment peut-on la retrouver dans ce type de structure où les voisins restent proches? Un quartier pavillonnaire vertical est-il aussi calme qu’un quartier horizontal? Où les enfants peuvent-ils jouer ensemble? Le pavillon représente aussi pour beaucoup la vie au milieu de la nature. Ce projet réussira-t-il à récréer cette impression chez les habitants? Et puis, comment l’individu retrouvera-t-il l’impression de rentrer chez lui que lui fournit son jardin de devant? Aura-t-il une cave, un grenier? Et comment transcrire la symbolique du toit à double pente? Et sera-t-on capable de (re)trouver une poétique de l’habiter dans ces logements?

http://marcbertier.com/2012/05/20/pavillons-et-densite-urbaine/



30/06/2012
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