Plaisir d'offrir, joie de vendre.

En février 2010, près du tiers des achats de végétaux d'intérieurs ont été réalisés au cours du mois, d'après l'institut FranceAgriMer. Grande star des vases, la rose représente plus de 90 % de cette somme. « Nous en écoulons 1,7 million sur ce seul jour [de la Saint-Valentin]. Notre meilleure vente de l'année pour ce produit », se réjouit Laurent Amar, PDG du groupe Monceau Fleurs, un des leaders du secteur. Février s'impose comme le troisième meilleur mois pour la profession, après celui de la fête des Mères et décembre.

Originalité.

Pas facile dans cet engouement généralisé d'offrir un bouquet qui change de celui du voisin. Mais les fleuristes y mettent du leur. Interflora propose des compositions en forme de coeur. Au nom de la Rose stabilise des boutons éclos dans des vases ronds. Monceau lance une rose fluorescente (« magique », paraît-il) et deux variétés scintillantes. Qui a dit kitsch ?

À l'autre bout de la tige.

Il n'aura échappé à personne qu'en février, les rosiers ont plus tendance à geler qu'à fleurir. La solution : produire sous serre, ou dans un pays chaud. Le Kenya est le deuxième fournisseur de la France. Des plantations qui « posent des problèmes sociaux, économiques et environnementaux », selon l'association Max Havelaar. Non seulement, les conditions de travail des ouvriers sont souvent difficiles, mais la production massive de fleurs absorbe une partie des ressources en eau de la région.

Made in Europe.

La majorité des roses vendues en France ont cependant grandi sous serre, aux Pays-Bas. « La législation européenne sur les produits chimiques garantit une production naturelle », assure Laurent Amar. Mais la Hollande est aussi une plateforme d'échange, qui ajoute à sa propre production la réexportation de fleurs produites ailleurs. Sans toujours préciser où. De plus, une surprenante étude de l'Université britannique de Cranfield assure que l'empreinte carbone d'une fleur kenyane est six fois moindre que celle de sa cousine hollandaise, transport compris.

Équitable.

La solution serait alors d'acheter des roses labellisées Max Havelaar, qui ne représentent aujourd'hui que 1,4 % de part de marché. Ou d'acheter des bonbons, moins présentables, mais moins périssables et tellement bons.

Lisette GRIES.