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Exploitation du sable pour l'agriculture (et non pas le béton)

Actualité Ouest France 9 mai 2012

Paimpol. Enquête sur l'exploitation du sable coquillier de la Horaine

Ce dimanche, à Trébeurden (Côtes d'Armor), on manifestera pour protester contre l'extraction de sable en baie de Lannion par la Can qui veut aussi étendre l'une de ses zones d'exploitation au large de Paimpol.

La Compagnie armoricaine de navigation

La compagnie armoricaine de navigation est un armateur sablier. Créée en 1994 et basée à Pontrieux, elle est une filiale du groupe breton Roullier. Elle travaille à l'extraction des granulats marins et aux dragages maritimes, portuaires et fluviaux. La Can exploite actuellement des bancs de maërl et de sable coquillier, dont le gisement de la Horaine.

À la Horaine

L'entreprise a demandé une autorisation d'ouverture de travaux à la Horaine pour pallier la fermeture des gisements de maërl. Aujourd'hui, elle prélève 80 000 m3 de sable coquillier par an sur ce site. Elle souhaiterait passer à 125 000 m3 annuels sur une durée de 23 ans. Cette demande a été soumise à une enquête publique.

Grenelle de la mer

Depuis le Grenelle de la mer, la réglementation sur l'exploitation des fonds marins du domaine public s'est renforcée. « Aujourd'hui, pour avoir le droit d'exploiter un gisement, il faut conjuguer deux autorisations, un titre minier et l'ouverture des travaux. Le titre minier s'obtient par décret du Conseil d'État, signé par le Premier ministre et le Ministère concerné, en l'occurrence, celui de l'Industrie. Et l'ouverture des travaux est accordée par arrêté préfectoral », explique Sébastien Floc'h, président-directeur général de la Can.

Ouverture de travaux

En l'occurrence, la compagnie qui dispose aujourd'hui d'un quota minier de 80 000 m3, a obtenu en 2011 un titre minier pour extraire 125 000 m3 au maximum par an sur une surface de 1,17 km². Lui restait à obtenir l'autorisation d'ouverture de travaux pour continuer à exploiter la concession de la Horaine, d'où l'ouverture d'une enquête publique.

Communes concernées

Dès janvier 2012 et jusqu'au début du mois de mars, cinq communes ont été sollicitées : Paimpol, Bréhat, Ploubazlanec, Plouézec et Plouha. Six permanences ont été tenues dans les mairies. Un commissaire-enquêteur a recueilli les observations du public et des associations environnementales.

Conseil défavorable à Ploubazlanec

Dans ce dossier, le conseil municipal de Ploubazlanec est le seul à avoir émis un avis défavorable à ce projet. En 2006, le conseil avait donné un avis favorable à une demande d'extraction de la Can, également à la Horaine. À l'époque, une étude d'impact sur le site devait être réalisée tous les cinq ans. Or il n'en a rien été.


Le gisement et les aspects techniques de l'extraction

Le rapport du commissaire enquêteur expose les éléments techniques de ce dossier. C'est une mine de renseignements.

Gisement de la Horaine

La Horaine est une accumulation sédimentaire d'environ 8 km de long et 1,8 km de large. Son volume est estimé à 135 millions de mètres cubes, entre 10 et 30 mètres de profondeur. L'autorisation d'ouverture des travaux d'exploitation par la Can concerne un périmètre de 1,7 km2. Ce projet prévoit une extraction de 125 000 m3 par an, soit un peu plus de 3 millions de m3 jusqu'en 2035, dernière année de la concession accordée. À noter qu'un mètre cube correspond à environ 1,2 tonne.

Extraction

La durée moyenne de chaque chargement sur la Horaine est estimée à deux heures. Dans ces conditions, l'intensité de prélèvement serait inférieure à deux heures par hectare et par an. L'incidence sur la dégradation du fond marin est donc considérée comme faible, selon le rapport du commissaire enquêteur. Les forts courants dans le secteur permettent une restauration naturelle et rapide de la dune. Normalement, la recolonisation du milieu doit s'effectuer entre deux périodes d'extraction.

Navire

Les extractions seront réalisées par le sablier de la Can « Côtes de Bretagne ». Il utilise une élinde (drague) traînante et ses cales ont une capacité de 1 150 m3. 110 rotations annuelles correspondent au cubage qui pourrait être autorisé. Chaque rotation se limitera à moins de 0,1 % de la superficie totale du gisement concédé.

Fonctionnement de la drague

Pour l'extraction, la Can a privilégié la technique par drague aspiratrice stationnaire (Das). Elle présente des avantages par rapport à la drague aspiratrice en marche (Dam). Notamment une diminution sensible du ravinement du fond. Mais elle a d'autres incidences, en particulier l'affaissement des flancs des fosses d'extraction. En mode stationnaire, les fosses creusées peuvent atteindre 25 à 30 mètres de diamètre autour du point d'extraction.

  C'est quoi le sable coquillier ?

Le sable coquillier, ou trez, est utilisé comme amendement en agriculture. Il est composé de sable et de débris de coquillage. Calcaire, il permet de réduire l'acidité des sols, comme le maërl.

A une différence près : le maërl est un substrat et un habitat. Vivant, ce milieu peut contenir jusqu'à 600 espèces marines différentes sur 20 m2 (algues rouges, petits organismes). Il peut être comparé au corail. En 2013, une nouvelle réglementation interdira l'extraction du maërl pour préserver sa faune. C'est pourquoi la Can a dû se reporter sur un autre matériau capable de répondre aux besoins du marché des amendements agricoles. En l'occurrence donc, le sable coquillier.

Jerom FOUQUET et Jean-Sébastien LE BERRE.


13/05/2012

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