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La troisième révolution industrielle sera verte

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La troisième révolution industrielle sera verte

Au bureau, à l'usine, à la maison, produirez-vous bientôt votre propre énergie ? Jeremy Rifkin en est convaincu. Pour cet Américain qui croit en l'Europe, la fin de l'ère du carbone est une vraie chance économique. Entretien avec cet économiste et essayiste, spécialiste de prospective.

Qu'appelez-vous « troisième révolution industrielle » ?

C'est tout simplement la convergence entre la révolution des communications, fondée sur Internet, et la révolution énergétique - imposée par le déclin du pétrole, du gaz ou de l'uranium - qui exige l'exploitation de ressources à portée de tous : le soleil, le vent, la géothermie, les marées. Et là, pas besoin d'infrastructures lourdes.

Quels en sont les pionniers ?

Vous, l'Europe. L'Union s'est engagée à produire 20 % d'énergie renouvelable d'ici à 2020 et à transformer 190 millions d'immeubles en centrales vertes. Ce sont les deux piliers initiaux de la TRI (troisième révolution industrielle). Le stockage en est le troisième : 8 milliards d'euros d'argent public seront investis pour développer les technologies à base d'hydrogène qui permettront d'emmagasiner ces énergies.

C'est finalement une sorte d'Internet de l'énergie ?

Oui, c'est l'idée. Et le quatrième pilier ! Quand l'électricité générée ne sera pas utilisée, elle sera immédiatement redistribuée dans le circuit en Russie, par exemple, ou ailleurs. Il se passe exactement la même chose avec l'information, créée et stockée de façon numérique afin d'être diffusée. Enfin, cinquième pilier, le transport. Les véhicules ne rouleront plus bientôt à l'essence. On se tournera vers l'énergie électrique et on se branchera directement aux bâtiments.

La démocratisation énergétique n'est-elle pas une utopie ?

Non. L'Allemagne a déjà atteint le premier objectif. La France l'expérimente avec retard. Ce modèle économique va engendrer des centaines de milliers d'emplois en Europe. Dans les années 70, il y avait très peu d'ordinateurs et les entreprises ne communiquaient pas beaucoup. Puis Steve Jobs a conçu le PC et maintenant deux milliards d'individus échangent sur leur ordinateur portable. Idem avec l'industrie musicale. Elle n'a pas compris ce qu'il lui arrivait lorsque des gamins ont commencé à fabriquer des logiciels pour partager la musique. Elle a cru que c'était une blague. Elle y a perdu énormément. Comme les journaux qui n'ont pas vu venir les blogs.

Vous avez travaillé avec Merkel, Prodi et Barroso. Le ferez-vous avec Hollande ?

Je l'ai rencontré en janvier dernier et nous avons parlé de la troisième révolution industrielle. Durant la campagne, il a déclaré que si le Parti socialiste remportait les élections, il choisirait cette voie. La crise, sévère, est aussi une forte opportunité. Et la France a tous les atouts pour être, avec l'Allemagne, pilote de ce bouleversement.

La politique de croissance défendue par le Président français en sera-t-elle le catalyseur ?

Il n'y a pas de plan B. L'austérité tue l'économie et François Hollande a eu l'audace de proposer un paradigme différent. La deuxième révolution industrielle est en train de mourir. Cependant, il ne faut pas commettre l'erreur de Barack Obama. Il a dépensé des milliards de dollars dans des projets trop dispersés pour donner des résultats.

Il est étonnant qu'un Américain évoque un leadership européen...

Il y a 500 millions de consommateurs en Europe et 500 millions de plus avec les divers partenariats (Maghreb, Machrek, Moyen-Orient). C'est le marché le plus riche au monde, loin devant les États-Unis et la Chine. Les idées neuves viennent d'ici. Car l'Amérique ne possède plus ce qui assurait sa grandeur, sa faculté à voir le futur.

Et l'Asie, et l'Afrique ?

Si l'Europe est un laboratoire, l'Asie va également très vite. Gouvernements et partenaires économiques se fédèrent pour construire l'Internet de l'énergie. Le continent africain s'y intéresse ainsi que l'Amérique du Sud. Les Nations Unies ont adopté le programme des cinq piliers. Les pays émergents n'ont pas besoin de « réparer » d'anciennes infrastructures, ils peuvent démarrer directement sur de nouvelles.

Les mentalités devrons changer !

Complètement. Ma génération a grandi dans un pouvoir centralisé, pyramidal, du haut vers le bas. Pour les moins de 35 ans, qui sont nés avec Internet et le peer-to-peer, le pouvoir latéral, transparent, coopératif, ouvert est quelque chose de logique.

Est-ce une vision plutôt de gauche ?

Je ne le pense pas. Cette révolution prend le meilleur du capitalisme et le meilleur du socialisme dans de grands réseaux solidaires. C'est la disparition des idéologies.

Pascale MONNIER.


11/06/2012

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