Le blog...VIVRE A LEHON

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les mouvements Città Slow et Cité verte revendiquent la lenteur au quotidien et le retour du végétal.

http://www.liberation.fr/economie/01012365547-o-temps-suspends-ta-ville

Libération
Ô temps, suspends ta ville

Mieux vivre en milieu urbain… C’est possible, selon les mouvements Città Slow et Cité verte qui revendiquent la lenteur au quotidien et le retour du végétal.

Par ELIANE PATRIARCA
Une verrière en forme de trompette pour recueillir de l'eau de pluie destinée aux espaces verts, le 28 janvier 2010 à Shanghaï. (© AFP Philippe Lopez)

Plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans les villes. D’ici vingt ans, 70% des humains seront citadins. Comment faire pour que nos villes restent vivables et durables, pour éviter que l’humain soit si coupé de son milieu naturel qu’il se flétrisse ? Quelque 60% des Français pensent que d’ici dix ans, ils vivront moins bien dans les villes, et plus de 70% redoutent une ville plus peuplée, plus anonyme. Deux courants, l’un venu d’Italie, l’autre des Pays-Bas, esquissent les contours de cités dans lesquelles il fait bon vivre.

Le plus ancien est Città Slow («villes lentes»), un réseau lancé en 1999 en Italie, et directement inspiré par Slow Food, le mouvement qui milite contre la malbouffe, l’uniformisation des goûts et l’alimentation industrielle. La charte de Città Slow prône le «bien-vivre» et stigmatise l’homogénéisation de nos modes de vie, la globalisation. Contre le culte de la vitesse et la dictature de l’urgence, elle fait l’éloge du temps retrouvé, de la lenteur pour restaurer la qualité de vie. Le mouvement s’est vite étoffé puis transformé en un réseau international qui compte aujourd’hui 142 villes dans plus d’une vingtaine de pays.

Zones piétonnes

Concrètement, une ville candidate doit compter moins de 60 000 habitants. Città Slow écarte en effet les grandes agglomérations pour privilégier une échelle compatible avec les capacités humaines de perception et de déplacement. Un comité scientifique vérifie ensuite que la ville répond à quelque 70 critères environnementaux : mettre en valeur le patrimoine bâti existant plutôt que construire à tout va ; privilégier l’approvisionnement en produits locaux ; réduire la consommation énergétique ; faire la chasse aux déchets et organiser le recyclage ; multiplier les zones piétonnes ; développer des commerces de proximité ; lutter contre les nuisances sonores, multiplier les espaces verts, les transports collectifs non polluants… Tous les trois ans, des «certificateurs» vérifient que ces critères sont respectés et le label justifié. Chaque ville décline la philosophie slow selon ses caractéristiques : à Orvieto, en Italie, le réseau de bus a été densifié, des parkings construits aux abords de la ville ainsi que des zones piétonnes et des pistes cyclables. En Italie toujours mais dans la province de Pérouse, neuf villes, très en retard sur la question des déchets, se sont associées pour inciter les habitants à trier leurs déchets. Par le biais d’une carte magnétique, on apporte ses déchets triés à la déchetterie on peut enregistrer la quantité déposée et bénéficier, en retour, d’une remise sur son impôt local. Le dispositif a permis d’augmenter le taux de recyclage de 15% à 35%. Waldkirch, en Allemagne, a bâti un parc d’activités, mêlant habitations et bureaux, avec une approche bioclimatique : toitures végétales, récupération des eaux de pluie, géothermie, isolation renforcée, matériaux «propres».

En France, seules deux villes ont intégré depuis 2010 le réseau Città Slow et adopté cette philosophie de la lenteur : Segonzac, en Charente, village situé en plein cœur des vignes, près de Cognac, et La Bastide-d’Armagnac dans les Landes, la plus petite des communes lentes. A Segonzac, 2 166 habitants, où la culture de la vigne et l’élaboration du cfognac ont inculqué la patience, le bien-vivre est devenu la feuille de route de la mairie. Les commerçants de proximité qui avaient déserté le bourg ont été incités à y revenir au détriment des supermarchés. Chaque dimanche, les producteurs de la région viennent proposer leurs fruits, légumes, fromages… La consommation d’énergie a été réduite dans les lieux publics : écoles, maison de retraite, médiathèque, etc., sont chauffés au bois. A La Bastide-d’Armagnac, petit bijou d‘architecture médiévale qui compte 717 habitants, le label Città Slow a été obtenu en avril dernier sans effort tant la qualité de vie y était déjà appréciable. Mais pour Giorgio Bonacci, un Italien installé à La Bastide depuis trente-cinq ans, chargé par la mairie des démarches avec le réseau Città Slow, le label est un aiguillon pour préserver cette qualité de vie, et faire en sorte que développement économique et bien-être des habitants progressent de pair. Un étendard aussi du bien-vivre qui, espère-t-il, pourra attirer une population plus jeune dans le village.

«Prendre en compte le végétal»

Autre courant pour rendre nos jours plus beaux dans les villes de demain : la Cité verte. Une démarche européenne pour redonner toute sa place au végétal et au paysage dans la ville. Pour satisfaire aussi la recommandation méconnue de l’Agence européenne de l’environnement qui demande que chaque citoyen en milieu urbain dispose, à moins de 300 mètres de son habitation, d’un parc ou d’un jardin.

Créée aux Pays-Bas en 2002, sous l’impulsion des pépiniéristes, cette initiative a essaimé en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et bientôt en Suisse, République Tchèque et Hongrie. En France, Cité verte est portée par les professionnels du végétal, de l’horticulture et du paysage réunis au sein de l’interprofession Val’hor. «Alors que se multiplient les discours en faveur de l’environnement, le paysage et le végétal ne sont pas pris en compte dans les projets d’aménagement», déplore Dominique Douard, président délégué de Val’hor. Or, selon ces professionnels, le végétal est une grande source de bienfaits pour les citadins. Les espaces verts sont des régulateurs du climat et des pollutions, et procurent aussi des améliorations en termes de qualité de vie, de bien-être, de lien social. L’objectif est donc de sensibiliser pouvoirs publics et commanditaires afin d’obtenir que désormais, pour chaque projet d’urbanisme commercial, industriel et économique, 5% du coût soit réservé au projet de paysage. «Le végétal rappelle aux urbains agités et déracinés que nous sommes nos liens avec la nature et ses rythmes, avec le temps qu’il fait, le temps qui passe», assure l’écrivain Erik Orsenna qui a rédigé à la demande de Val’hor le «Manifeste pour une cité verte».



15/10/2011
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