Le blog...VIVRE A LEHON

Le blog...VIVRE A LEHON

Besançon, figure de modèle de l’Agenda 21

Besançon, terreau durable

liberation.fr/

Reportage Convertie à l'écologie dès les années 70, la cité du Doubs fait figure de modèle de l'Agenda 21, au menu, en juin, de la conférence de l'ONU à Rio.

Par ELIANE PATRIARCA Envoyée spéciale à Besançon

Nichée dans une boucle bleue du Doubs, Besançon s'enorgueillit d'une réputation de ville verte. Verte parce que «ville à la campagne», avec sept collines, 2 000 hectares de forêt et autant de jardins et parcs, qui offrent une belle qualité de vie aux 120 000 habitants. Mais verte aussi parce que la capitale franc-comtoise se revendique pionnière du développement durable. Ce tournant amorcé dans l'euphorie des Trente Glorieuses, a vu sa légitimité entérinée par l'Agenda 21. Défini il y a vingt ans au Sommet de la Terre de Rio, il est de retour au menu de la Conférence des Nations unies sur le développement durable qui se tiendra mi-juin dans la métropole brésilienne (lire ci-contre).

«Caméra thermique». Besançon a d'ailleurs été maintes fois primé pour sa politique environnementale : par exemple, en 2010, avec le titre de «capitale de la biodiversité» des villes moyennes et en novembre par les Rubans du développement durable. Au-delà des breloques, la capitale franc-comtoise témoigne surtout de la pertinence de l'échelon territorial pour la mise en place d'une écologie urbaine.

Sa vocation verte ne doit rien aux effets de mode. En 1974, la ville est la première en France à créer une zone piétonne. «Il y avait déjà toute une réflexion sur le développement des transports en commun et l'implantation de pistes cyclables» , admire Christophe Dollet, adjoint à l'environnement. Aujourd'hui, Besançon propose 2 000 vélos en libre-service et un réseau de partage de voitures.

Côté énergie, l'agglomération a multiplié les initiatives. Sur le toit du centre technique municipal, des panneaux solaires photovoltaïques permettent de produire assez d'électricité pour alimenter une flotte de trente véhicules et en revendre à EDF. Sous le parking, une partie de la nappe phréatique est pompée pour réfrigérer les salles informatiques. Il y a deux ans, les 2 000 lampadaires publics ont été remplacés par des lampes sodium haute pression, avec un système de télégestion pour les mettre en veilleuse. Pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la ville s'est dotée de quatre chaufferies bois, alimentées par les forêts locales, qui desservent des bâtiments publics (écoles, hôpitaux). Des aides financières sont proposées aux Bisontins qui optent pour des installations solaires, récupèrent l'eau de pluie ou s'équipent de vélos électriques : «Nous mettons aussi à disposition des habitants une mallette contenant une caméra thermique, un wattmètre et un thermo-hygromètre, indique Myriam Normand, qui pilote la direction de la maîtrise de l'énergie. Ils peuvent ainsi évaluer les pertes d'énergie, leur consommation d'eau et d'électricité…»

Besançon a aussi créé un réseau de 150 «familles actives pour le climat» qui s'engagent, avec l'aide de la ville, à réduire d'au moins 10% leurs consommations d'énergie et leurs émissions de gaz à effet de serre et à devenir «référentes» pour leurs voisins. Les familles ont d'abord été initiées aux «écogestes» du quotidien puis ont reçu un «pack économie d'énergie» (ampoule basse consommation, bloc interrupteur, chargeur pour piles, un mousseur pour réduire le débit d'eau).

Pour Rémi C., 70 ans, qui habite avec son épouse une vieille maison tout près du Doubs, la motivation première est de «réduire la note de chauffage». «Avec la caméra thermique, j'ai vu que la chaleur passait même à travers la laine de verre que j'avais posée il y a quelques années, raconte-t-il. Un expert mandaté par la ville est ensuite venu évaluer l'isolation, les déperditions de chaleur et l'humidité de la maison. Le forum organisé avec des professionnels de l'habitat m'a permis de comparer les techniques d'isolation.» Econome, il a fait les travaux lui-même. «J'ai déjà gagné 5%, je chauffe moins et le degré d'humidité a baissé.»

Besançon a encore innové cette année : elle est la première ville de cette importance à avoir instauré une redevance incitative sur les ordures. En bref, plus on produit de déchets, plus on paie. Les bacs gris ont été munis de puces qui identifient le titulaire du contrat. Les camions bennes sont équipés pour peser les bacs au moment où ils sont vidés et enregistrer les données utiles à la facturation. Objectif : réduire le poids des poubelles de 130 kg par habitant et par an à 100 kg d'ici trois ans et éviter la construction d'un incinérateur.

A l'hôtel de ville, le maire, Jean-Louis Fousseret (PS) élu depuis 2001, aime proposer aux visiteurs «un verre de Bisontine». Pour favoriser la consommation de l'eau du robinet et limiter le recours aux bouteilles de plastique, la ville a déposé une marque pour l'eau de la commune - gérée en régie municipale - et a passé un contrat avec un brasseur local pour la gazéifier et l'embouteiller. Une eau pure obtenue notamment grâce à l'abandon des pesticides pour les espaces verts publics depuis douze ans.

Aiguillon. Pour expliquer la fibre environnementale de Besançon, l'élu évoque le terreau «gauche sociale» de la ville natale de l'anarchiste Pierre-Joseph Proudhon et du philosophe Charles Fourier. «Je suis l'héritier de la tradition socialiste qui caractérise Besançon depuis l'après-guerre, dit-il. Dans les années 60-70, on ne parlait pas encore d'écologie, mais il y avait ici le souci de protéger la nature.» C'est à Besançon aussi qu'est née en 1991 l'idée de fonder une exploitation maraîchère biologique comme moyen d'insertion sociale et professionnelle, un «Jardin de Cocagne» qui a essaimé un peu partout en France depuis.

Pour Jean-Louis Fousseret, l'Agenda 21 a fonctionné comme un outil supplémentaire, un aiguillon pour «développer de nouvelles pratiques environnementales», mais avec le défaut aux yeux de l'édile de ne pas être assorti d'un budget. «Il faut une volonté politique pour le rendre actif», insiste-t-il. Deux nouveaux chantiers confirment Besançon dans son image de pionnier vert : le «tramway optimisé», spécialement conçu pour répondre aux besoins et au budget d'une ville moyenne, c'est-à-dire raccourci et moins cher ; et la relance d'une agriculture périurbaine, avec la création d'une pépinière de maraîchage, pilotée par le Jardin de Cocagne, dès septembre 2013.



03/06/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 36 autres membres