Le blog...VIVRE A LEHON

A propos du lotissement « le domaine du moulin »  à Cassepot en Léhon

La réalisation d'un nouveau lotissement autour du moulin de Cassepot interroge sur les critères qui prévalent à la réalisation des nouveaux quartiers.

Le contexte économique actuel (énergie et matières premières chères), social (diminution du pouvoir d'achat) et écologique (réchauffement climatique), l'évolution démographique future (6 millions de logements à construire d'ici 2050 soit ¼ de plus de ceux qui existent aujourd'hui) conduisent à réfléchir à la façon dont nous construisons et implantons de nouveaux quartiers.

Lotissement après lotissement, les villes s'étalent et s'agrandissent, avec en parallèle la réalisation en périphéries de centres commerciaux, de nouvelles routes, la spécialisation de diverses zones qui remplissent chacune une fonction spécialisée (emplois, commerces, habitations). Cet étalement urbain coûte cher tant à la collectivité (eaux, déchets, voiries) qu'aux ménages, notamment les plus modestes (nécessité de plusieurs voitures, coût des déplacements).

De ce point de vue, la localisation du « domaine du moulin »  apparaît judicieuse à double titre.

-          Elle permet à leurs occupants de faire leurs courses alimentaires ou de bricolage, de répondre à leurs besoins de santé, d'aller à l'école ou à la crèche, au stade ou au bal du réveillon dans un environnement très proche. On espère donc que la voiture restera au garage. 

-          Mixer petits immeubles (2 niveaux) et pavillons permet de densifier l'occupation de l'espace.

Cependant,

-          Il reste aux collectivités locales à faciliter et sécuriser les déplacements à pied ou à vélo pour tous les membres de la famille vers ces services de proximité mais aussi à penser les liens des quartiers entre eux et vers les centres (notamment collèges et lycées si de jeunes ménages s'y installent),  pour que la ville ne soit pas une seule juxtaposition de lotissements.

-          Peut-on aller encore plus loin dans cette solution mixte entre tout pavillonnaire et tout collectif ? Tout en combinant inventivité et sociabilité, tout en offrant un paysage varié, moins répétitif, tout en recherchant une place nouvelle pour la voiture ?

Si l'on peut donc parler de relatives mixités des fonctions (commerces, services, logement – emplois ?) et de la nature des constructions (immeubles, pavillons), il n'en est pas de même de la mixité sociale. Les personnes dont les moyens n'autorisent pas l'achat de leur logement à cet endroit, devront aller plus loin, dans la Nième couronne dinannaise. Auront-ils la même proximité aux services définis plus haut ? La part de leur budget consacrée à la voiture n'en sera-t-elle pas alourdie dangereusement ?

Réduire les distances  du quotidien, c'est agir sur notre qualité de vie par la réduction de nos rejets de gaz à effet de serre, par une amélioration de notre pouvoir d'achat et encore, par des gains de temps et de confort.

La qualité paysagère participe aussi à ce confort. Le quartier sera riche de la présence du moulin, on peut toutefois regretter l'encerclement de celui-ci par des immeubles qui en masquent très largement la vue aux yeux de tous.

Deux autres interrogations découlent des ces observations.

-          La puissance publique ne doit-elle pas intervenir pour éviter que le prix de l'immobilier et du foncier façonne la ville ?

-          La commune constitue-t-elle le niveau de compétence adapté pour traiter de ces questions d'accueil de tous les ménages et plus largement d'urbanisme ?

Crise  écologique globale et crise sociale se conjuguent donc ensemble. Face à ces nouvelles contraintes,  nous avons à construire des voies nouvelles pour repenser nos lieux de vie quotidienne, entre futur idéal et simple infléchissement du présent. 

Yvon LE CORRE  27 août 2008